C’est un détail qui n’a pas dû vous échapper. Bien qu’arborant des corps dans la force de l’âge, les statues de la Grèce antique dotent leurs modèles masculins de pénis de la taille d’un sexe d’enfant. Alors pourquoi ? C’est ce qu’a expliqué à Zézette le professeur et sculpteur João Sismeiro.
Qu’est-ce qui explique la petitesse des zizis des statues grecques ? Est-ce une question de morphologie différente à l’époque ? Est-ce en raison de la pudeur ?
João Sismeiro : S’agissant de la morphologie, des études ont été réalisées qui permettent de dire que la taille des sexes dans la Grèce antique était la même qu’aujourd’hui. La raison est donc à chercher ailleurs. Tout d’abord, il convient de distinguer la représentation du sexe seul et du corps dans son entier. On retrouve des amulettes en forme de verge pour la fécondité ou bien éloigner le mauvais œil. Chez les Grecs, le sexe masculin était souvent représenté devant les maisons en guise de protection. Il n’y avait ici aucune démarche artistique. Tout change lorsqu’on est en présence du corps dans son entier. Là, on rentre dans l’art. Dans la Grèce antique, la nudité était largement pratiquée. Elle était considérée comme héroïque et pas érotique. Les hommes faisaient du sport nus. Par ailleurs, la virilité n’était pas associée aux prouesses sexuelles mais à la capacité de l’homme à maîtriser ses pulsions, son animalité. La petitesse des sexes des statues antiques est la traduction de cela. A contrario, les musculatures étaient démesurées avec des muscles qui n’existent pas et même des côtes en plus. Résultat, on donne à voir des corps d’hommes avec un sexe d’enfant plus ou moins poilu. La représentation des sexes en érection était réservée aux satires ou à certains dieux comme Dionysos perçu comme bon vivant. Ainsi plus grand est le sexe, plus petite est la vertu.
Qu’est-ce qui va changer par la suite ?
Avec l’émergence du christianisme, on va arrêter de représenter le sexe des hommes par pudeur et parce qu’il incarne la tentation et donc le péché. On l’a donc caché derrière des feuilles de figuier pour commencer. Puis on a remplacé les feuilles de figuier par des feuilles de vigne, là encore pour une question de taille. La feuille de figuier étant plus grande que la feuille de vigne, on voulait éviter qu’elle fasse naître les fantasmes. La nudité totale va ensuite réapparaître selon les périodes, notamment à la Renaissance avec Michel-Ange, mais toujours avec des sexes de petite taille.
Le Diadumène, oeuvre du sculpteur grec Polyclète exposée au musée national archéologique d'Athènes / © Ricardo André Frantz (Wikimedia commons)
A-t-on déjà peint ou sculpté des sexes de taille proportionnelle ?
C’est Rodin qui, le premier, a sculpté une statue représentant un homme dont le sexe apparaît de taille proportionnée au reste du corps. Il s’agit de l’Âge d’Airain en 1877. Il va ainsi casser la représentation académique de l’homme en figeant son sujet dans une posture quasi sensuelle. C’est d’ailleurs une œuvre qui avait fait scandale à l’époque.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’homme entièrement nu continue de choquer. Je le vois dans les expositions auxquelles je participe. J’ai même une amie qui a inventé un concept de sexe dévissable sur ses oeuvres !
Infos pratiques : prochain stage de modelage avec João Sismeiro samedi 28 février et dimanche 1er mars à l’atelier de la Valencerie à Hermeray (Yvelines). Plus d’infos sur sis-art.com
Propos recueillis par Malo Mutel-Wegner
DR
C'était il y a un an. Zézette, premier média 100 % consacré à la sexualité et à l'amour, envoyait sa première newsletter. Le thème : Comment parler de sexualité à Noël sans passer pour un pervers ? Car c'est bel et bien le but de Zézette : créer de la conversation sur des sujets que l’on se sent souvent gêné d’aborder par crainte de la honte ou d’une supposée mièvrerie. Et pour cela, tout est question d'information bien sûr, mais aussi de ton.
En un an, et bien que 2025 n'ait pas été une année "bisexetile", Zézette n'a pas chômé avec quelque 800 abonnés à sa newsletter (distribuée cocorico ! par la plateforme Made in France Kessel avec un taux d’ouverture moyen de 71 %), plus de 10 000 abonnés sur Instagram sans oublier la première soirée Haï-Q de l’histoire de l’humanité animée par la poétesse Samuela Burzio, fondatrice l’école Epoé, et co-organisée avec makesense.
Concrétisation de tout cela, Zézette arrive en 1ère position sur Google avec les mots clefs « média sexualité ». Comme quoi la place était à prendre et nous l’avons prise ! On compte sur vous pour le faire savoir…
Renaud Charles, rédacteur en chef et fondateur de Zézette
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En 2025, ne faudrait-il pas que les hommes aussi incarnent l’érotisme en couverture des hors séries des Inrocks sur la sexualité ? Cette question, Zézette l’a posée à ses abonné.e.s sur Instagram après avoir passé en revue les couvertures précédentes (toutes illustrées avec des femmes). Résultat (et après que la photo ait finalement été supprimée par Instagram), 76% de “oui”, 13% de “non” et 11% de “Je ne m’étais jamais posé la question”. Quant au profil des répondants, il est intéressant puisqu’il fait apparaître 67% d’hommes et 33% de femmes. Et vous, vous en pensez quoi ? Répondez-nous dans les commentaires du post.
« Et mes chevilles, tu les aimes ? », « Oui », « Tu les aimes mes genoux aussi ? », « Oui, j’aime beaucoup tes genoux », « Et mes cuisses ? », « Aussi », « Tu vois mon derrière dans la glace ? », « Oui », « Tu les trouves jolies mes fesses ? », « Oui, très. Ca va ? », « Et mes seins, tu les aimes ? », « Oui, énormément ». Cette réplique devenue culte du film Le Mépris entre Brigitte Bardot, dont la disparition a été annoncée ce dimanche par sa fondation, et Michel Piccoli, est à écouter ou ré-écouter sur arte.tv.
Tout simplement (attention scoop…) parce qu’en 2025 (et bientôt 2026), il n’existe toujours pas de média consacré à la sexualité et à l’amour, et ce bien qu’ils fassent partie des rares sujets qui nous concerne tous à travers le monde. On trouve pourtant des journaux sur à peu près tout. Les camping-caristes ont ainsi leur magazine, Camping-car Magazine, depuis 1978, et les mostrophilistes (c’est comme cela que se font appeler les collectionneurs de montres) peuvent feuilleter Montres magazine depuis près de 30 ans.
Si la sexualité s’est fait une place dans les médias ces dernières années et que des voix de plus en en plus nombreuses se font entendre, la sexualité reste désespérément vierge de toute publication (en dehors des seules revues médicales qui lui sont consacrées...).
Puisque, dixit Oscar Wilde, « tout dans le monde est une question de sexe, sauf le sexe qui est une question de pouvoir », l'enjeu est de parvenir à parler sexualité sans honte comme de n’importe quel autre sujet. Car il s’agit bien d’explorer toutes ses facettes, notamment pour décortiquer les rapports de domination entre hommes et femmes.
Quant à l’amour, s’il fait les beaux jours de la littérature ou du cinéma, il a encore du mal à être pris au sérieux, ce dont témoigne la neuroscientifique Stéphanie Cacioppo dans son livre Le pouvoir de l’amour qui a dû braver le scepticisme lorsqu’elle a entamé ses recherches sur le sujet.
Telles sont les raisons d'être de Zézette, premier média indépendant 100 % dédié à la sexualité et à l’amour avec pour but d’en faire des sujets de conversation que l’on ne se sent plus gêné d’aborder par crainte de la honte ou d’une supposée mièvrerie. Le principe : une newsletter envoyée au moins deux dimanches par mois, et plus si affinités…
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